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« Le silence est ma joie »

 Genèse

« Le silence est ma joie » est un livre écrit à quatre mains, par une jeune femme de vingt ans et une femme mûre de quarante ans. À vingt ans, j’ai passé quatre ans face à un arbre à faire société buissonnière, écouter la vie et apprendre à écrire sur une page blanche. À cette époque, j’ai été traversée par un deuil charnel très profond. De nombreuses pages se sont écrites sur le silence, le désir, l’absence, la Présence, l’écriture. Puis la vie m’a reprise et ces textes ont reposé près de vingt ans dans un tiroir. Un jour, je les ai retrouvés par hasard, je les ai lus et j’ai désiré les offrir au monde. « Le silence est ma joie » s’est écrit en moins de deux mois. J’ai choisi la forme épistolaire pour écrire en je et m’adresser à un tu. Dans ce livre, tout est fiction et rien n’est fiction. L’histoire et les personnages sont de pure fiction, mais tous les instants dont parle ce livre sont réels. Ils ont été vécus, pensés, priés en vérité. C’est comme si j’avais cueilli à vingt ans des fleurs et que j’avais composé à quarante ans un bouquet. Le bouquet est fiction, mais les fleurs ne sont pas fiction. Ou, pour prendre une autre image, c’est comme si j’avais plongé à vingt ans en eaux profondes pour ramener à la surface des perles lumineuses et que j’avais assemblé à quarante ans un collier. Le collier est fiction, mais les perles ne sont pas fiction.

Extrait

« Avec toi, je vivais le silence, le silence de mon désir et de ma chair de femme, le silence de notre intimité charnelle. Ce silence perdu, j’ai appris à le rechercher et à le retrouver autour de moi, sous de nouvelles formes. Dans la lumière de l’oratoire. Dans l’onde sonore des cloches de l’église Saint-Valery. Dans le scintillement des étoiles. Dans le murmure de la brise marine. J’ai appris aussi à le rechercher et à le retrouver en toi, près de toi. Tu m’es silence, et comment vivre ce mystère du silence ? En accueillant la Présence et en forant une parole dans le silence. Toute parole incarnée, toute parole de vie, la Parole de Dieu ne font que traduire l’infinité du sens que recueille le silence, le visage de la Présence. En passant sur l’autre rive, tu as été mon maître. Nous ressemblons en effet, nous humains, un peu à des chenilles et à des papillons. Comme s’il y avait une conscience plus profonde qui ne demandait qu’à émerger en nous et à se faire entendre. Cette sagesse ancrée dans mes profondeurs, ta Pâques l’a portée au grand jour. Par ta mort, j’ai accouché de moi. »
(Chapitre 2 « Le vin des noces », page 56)